vendredi 20 septembre 2013

MYTHE FONDATEUR DE LA RÉPUBLIQUE




GAGNÉE PAR FORFAIT

L'étrange bataille de Valmy 

Au lendemain de la vraie-fausse victoire du 20 septembre 1792, un officier de Kellermann écrit dans une correspondance privée : «-Je me porte à merveille. Nous espérons voir l’ennemi de près ces jours-ci. Nous sommes à un quart de lieue de lui mais bien tranquilles-». Découvrez sa confession, qui ne figure dans aucun manuel d’histoire.




La bataille de Valmy. Peinture d'Horace Vernet, 1826.
 © The National Gallery, Londres,
Dist. RMN-Grand Palais / National Gallery
Photographic Department




Je ne vous infligerai pas d’être la cible des tirs croisés de la bataille de Valmy. Celle-ci continue de susciter des diatribes deux cent vingt-et-un ans plus tard. Mais nous ne pouvons nous affranchir d’un aller-retour au camp de la Lune, sous les ailes brisées du moulin que Kellermann aurait fait brûler le 20 septembre 1792, pour éviter, dans le brouillard, qu’il ne serve de point de mire à l’artillerie prussienne du duc de Brunswick (il existe d’autres versions, dont celle de l’explosion d’une caisse de munitions).

Mais rappelez-vous : les armées de l’Europe des monarchies, venues d’Autriche, de Prusse, de Hesse, accompagnées d’émigrés c’est-à-dire de nobles ayant fuit la France sous la Révolution, avaient pénétré en Lorraine, pris Longwy, Verdun et envahi la Champagne pouilleuse pour gagner Paris et venir en aide à Louis XVI.  Près de 34 000 coalisés contre 32 000 Français, d’après l’ouvrage de R.-G. Grant [Les 1001 batailles qui ont changé le cours de l'histoire, Flammarion, 2012].

Le duc de Brunswick, représentant du roi Frédéric Guillaume II de Prusse, avait prévenu que les coalisés entreraient en France pour restaurer l'autorité royale et qu’ils livreraient «-la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale-», s’il est fait «-la moindre violence, le moindre outrage à Leurs Majestés le roi, la reine et à la famille royale-».

Le général en chef de l’armée française, Dumouriez, était à la manœuvre pour leur interdire d’aller plus loin que l’Argonne, ces “Thermopyles français”, selon l’expression du Nouveau Larousse illustré de 1925. « -Mais, précise l’ouvrage, forcé à la Croix-aux-Bois, il [Dumouriez] changea de front et résolut de se porter sur un plateau à l’ouest de Sainte-Menhoud [Sainte-Menehould] où il menacerait le flanc des colonnes ennemies et commanderait la route de Châlons. C’était le plateau de Valmy.

Couvert sur sa droite par le cours de l’Aisne, sur sa gauche par les marais de l’Auve, adossé à l’Argonne, Dumouriez y attendait l’attaque, ses arrières assurés par l’arrière-garde du général Dillon et espérant l’arrivée d’un renfort parti de Metz sous les ordres du général Kellermann. Celui-ci était le 19 septembre 1792 à Valmy, face aux Prussiens qui étaient postés au camp de la Lune. Le matin du 20 septembre il y fut attaqué par les coalisés. Bien secondé par les généraux Vence et Stengel, Kellermann tint bon dans ses lignes, appuyé au moulin de Valmy et au ruisseau de l’Auve. La canonnade commencée à 7 heures du matin, fut violente de part et d’autre.

Brunswick, généralissime des coalisés, ayant fait porter en avant ses vieux soldats, Kellermann disposa en colonnes de bataillons ses jeunes et enthousiastes recrues, se plaça à leur tête, son chapeau à la pointe du sabre et, au cri mille fois répété de “Vive la Nation ! Allons vaincre pour elle !”, les entraîna contre les Prussiens. Frappés de stupeur, ceux-ci s’arrêtent. Kellermann redouble le feu de ses canons et précipite sa marche. L’ennemi qui croyait, sur la foi des émigrés, à une facile victoire, fait demi-tour
-». Il bat en retraite.

«-Singulière et admirable victoire-!-», s’exclame le romancier et journaliste Jules Lermina dans son œuvre  en trois volumes : “Fondation de la République française 1789-1848-1870. Histoire de cent ans”, publiée en 1882. Subjugué par la conduite intrépide des Français sous le feu de l’ennemi, il exulte, reprenant les propos de Louis Blanc : «-Là venaient d’apparaître, la face éclairée par la lueur des canons, ces hommes au cœur indomptable, aux muscles d’airain-». Et, citant l’historien Jules Michelet : «-Ce jour-là, le cœur avait grandi chez tous. Ils furent au-dessus d’eux-mêmes (…) Dumouriez fut magnanime, désintéressé, héroïque, il travailla pour le salut de la France (…) Kellermann fut un héros, et à la hauteur du peuple : car c’était le peuple, vraiment, à Valmy, bien plus que l’armée-».

Beaucoup d’auteurs sortirent le grand jeu, raillant «-Brunswick qui, dans son insolent manifeste, avait menacé Paris d’une exécution militaire, et reprenait piteusement le chemin de l’Allemagne-» (Larousse, 1925) et réservant quelques amabilités aux «-soldats de Prusse : ces mercenaires qui ne comprennent ni pour qui ni pour quoi ils combattent-» [Histoire de 100 ans, 1882].

Ces envolées prêtent à sourire. Car, du point de vue des combats, Valmy se résume à une petite victoire pour la France, un duel d’artillerie gagné par forfait, pas une hécatombe. «-On l’appelle aussi la canonnade de Valmy-», remarque le dictionnaire Bescherelle de 1847. Mais ce premier succès de l’armée de la nation devint une grande victoire psychologique, décisive pour la Révolution et ses partisans, avec 300 morts ou blessés côté français, 180 du côté des coalisés.

Une question me vient aussitôt à l’esprit : pourquoi Kellermann, parti pour en découdre avec l’adversaire, n’a-t-il pas terminé le travail, si j’ose dire, alors qu’il avait plusieurs dizaines de milliers d’hommes à sa disposition ? Pourquoi s’est-il contenté de raccompagner les contre-révolutionnaires à la frontière sans leur mettre l’épée dans les reins ?

C’est la version la plus cocardière de la bataille que mon instit en blouse grise à la communale de Grosbliederstroff, sourcil broussailleux, regard noir et verbe sans réplique, nous faisait ânonner. Nous, les bons petits patriotes, avions un œil sur la règle menaçante du maître, l’autre sur la boîte à plumes Sergent-Major à l’effigie de Valmy, une miniature du tableau d’Horace Vernet ! À l’opposé de cet enseignement, l’iconoclaste Bernard Boisantais jettera un pavé dans le miroir du temps, avec un livre intitulé : “La Bataille de Valmy n’a pas eu lieu” [Ed. France Empire, 1967].


Bien portant et bien tranquille


 

Finalement, Valmy reste une énigme, avec un arrière-goût de trucage. Oubliez un instant ce que je viens de vous raconter. Et imaginez que vous soyez avec moi dans le train Corail Reims-Paris, au milieu des années quatre-vingt dix, en compagnie d’un camarade d’infortunes ferroviaires, Alain Jacquart, qui tient boutique près de l’hôtel Drouot. Il est expert en philatélie et vieux-papiers.

« Lisez celle-là », me dit-il, en m’invitant à déchiffrer une lettre écrite à la plume le 21 septembre 1792, au lendemain de la bataille, par le capitaine Pouplin, officier au 13e bataillon d’infanterie légère à l’avant-garde de l’armée Kellermann. Il s’agit d’un courrier adressé à ses logeurs à Paris, présentant peu de fautes d’orthographe, alors qu’à cette époque les officiers de l’armée de la Révolution sortaient le plus souvent du rang sans avoir jamais fréquenté l’école ou très peu.

J’ai l’insigne privilège (bien que les privilèges fussent abolis...) de vous en faire la transcription, avec ses imperfections :


« (…) Je me porte à merveille, quoique nous soyons accablés de fatigue. Couchés à la belle Etoile a la pluie au froid. Je n’ai même pas un rhume. Nous avons eu le 20 à Auverval, près Ste Menehoud, un combat terrible qui a duré 12 heures et demi. L’Ennemi a perdu beaucoup de chevaux et plus d’hommes que nous. Nous avons perdu 200 hommes et 300 blessés au plus mais comme l’artillerie a tout fait il n’y a pas d’espoir de rechapper plus d’un tiers des blessés.


J’ai eu un
[nommé] Marion sergent de ma compagnie emporté d’un coup de canon. Mon cheval, mon Domestique et mes équipages ont été pendant deux jours sans reparaître, s’étant réfugiés a Ste Menehoud, j’étais resté comme le petit St Jean. Nous sommes en ce moment dans un village ou nous nous vivons de poules, ce qui nous refait car nous officiers nous avons été 36 heures sans pain. Nous esperons voir l’Ennemi de près ces jours cy, nous sommes à un quart de lieue de lui mais biens tranquiles-» (…)









Aucune charge à la baïonnette à grandes acclamations d’une foi patriotique, aucun corps-à-corps, aucune de ces images sanglantes qui colonisent notre imaginaire. C’est à peine si cet officier de l’avant-garde de Kellermann a senti le vent du boulet ! Il a assisté à la bataille sans vraiment y prendre part. Son courrier en dit d’autant plus qu’il ne dit pratiquement rien sur l’affrontement. De fait, à l’issue des premières canonnades, les Prussiens n’ont plus bougé, les Français pas plus, d’ailleurs…

Le récit institutionnel de la victoire de Valmy a-t-il été construit sur une illusion d’optique ? «-Il est assez difficile d’appréhender ce qu’il se passe réellement au cours des journées qui suivent la bataille de Valmy ; d’un point de vue diplomatique s’entend, car, militairement parlant, il ne se passe rien…-», constate Patrick Brenon. Ingénieur à la retraite, il tient un blog qui revêt la structure d’un atlas géopolitique et militaire de la première République française.

«-Le 22 septembre, écrit-il, l’armée prussienne occupe les positions abandonnées par les Français-:-Gizaucourt, Valmy, le mont Yvron et édifie de soigneux retranchements pour protéger ce que l’on appellera désormais le camp de la Lune. Le lendemain, le premier aide de camp du roi de Prusse, Manstein, se présente au quartier général de Kellermann et signe avec Dumouriez une suspension d’armes de six jours. Il est vrai que le moral est au plus bas chez l’ennemi-». Frappés au moral ?

Mal renseignés, les monarchistes pensaient que le peuple de France était acquis à leur cause. Or, «-les populations locales, bien loin de considérer les forces de la coalition comme une armée libératrice, voient plutôt en elles le bras vengeur de la féodalité qui ne manquerait pas de renaître de ses cendres si elles l’emportaient militairement. Enfin, nombre de paysans champenois et lorrains font le coup de feu dans les bois pour échapper aux réquisitions… Et, pour le coup de grâce, le temps pourri, la pluie persistante, la boue omniprésente, le vent froid qui glace jusqu’aux os-!-», écrit encore Patrick Brenon. Fourvoyés, éreintés ces Prussiens qui, en somme, déclarent forfait.

Reste que Valmy, pour la France, est la première victoire du peuple en armes «-Même si il y a en réalité, parmi les Français, davantage de soldats de l’ex-armée royale que de jeunes recrues volontaires. Qu’importe. C’est l’intention qui compte-!-» remarque le chroniqueur du blog “-La Plume et le Rouleau-”. Il note que «-l’historien Jean-Michel Gaillard nous explique que Jules Michelet, le grand historien du XIXe, dont les écrits façonneront les manuels d’histoire de l’école laïque, «-y voit la naissance d’une France transfigurée par l’enthousiasme révolutionnaire-». Et il ajoute qu’-«-aujourd’hui encore, Valmy reste l’un des mythes fondateurs de la République-». Alors que militairement «-la bataille était largement gagnable par les Prussiens, pourquoi le duc de Brunswick a-t-il d’abord engagé les hostilités avant d’ordonner une incompréhensible retraite-?-», s’interroge ce blogueur.

 

Influence maçonnique

 

Parmi plusieurs réponses possibles, certains évoquent une manipulation. Quatre jours avant la bataille, les diamants de la Couronne de France ont été volés lors du fric-frac du Garde-Meuble royal, place de la Concorde à Paris. «-Et, pour expliquer la victoire de Valmy, c’est Georges Danton que d’aucuns accusent d’avoir perpétré ce forfait, grâce auquel il aurait « acheté » ensuite le duc de Brunswick-», avance le chroniqueur de “La Plume et le Rouleau” qui explique-: «-Pourquoi Danton ? Parce qu’il est, à ce moment, membre d’une «-loge-» maçonnique, au même titre que Dumouriez, que Brunswick et son frère et que, la vénalité pouvant grandement aider à cimenter les idéologies et les amitiés, les trois larrons vont s’entendre pour se mettre les cailloux dans les fouilles et faire croire qu’on s’est vaillamment battus…-».

Un coup des “Frères trois points” ? L’auteur s’empresse d’ajouter : «-Outre qu’aucune preuve objective de ces allégations n’a jamais été valablement apportée, il faut souligner le caractère éminemment rocambolesque d’une telle hypothèse-». Patrick Brenon (l’Atlas géopolitique et militaire de la première république française) admet, lui aussi, qu’ «-il n’existe aucune preuve, à ce jour, de cet éventuel tripatouillage-». Mais l’on retrouvera, en 1806, un diamant sur le corps du duc de Brunswick, mortellement blessé à la bataille d’Auerstedt… Sur la provenance du diamant du prince, le secret est roi : la preuve qu’il fît partie des joyaux de la Couronne de France n’est pas rapportée.


Une explication moins théâtrale à propos de Valmy gagne du terrain. Les stratèges des deux camps n’auraient pas été aussi opposés qu’on le croirait sur la nécessité d’un cessez-le-feu. Des considérations de politique internationale auraient joué, sous l’influence des francs-maçons. Affaiblir la France, mais pas l’anéantir. Car, elle aura sa place à la table des puissances européennes.

Personne n’avait donc intérêt à transformer la canonnade de Valmy en carnage. Triomphe de la raison. Comme pour laisser à l’imago tricolore toutes ses chances de prendre son envol, puisque son heure était venue. Au lendemain de la bataille, la monarchie française est abolie et, le 22 septembre, la première République ‒ jamais officiellement proclamée ‒ sera actée.

Aux confins de la Champagne et de la Lorraine, par un cessez-le-feu qui a sanctuarisé l’avènement de la République française, les belligérants ont permis la naissance du mythe du citoyen libre. Goethe, présent à Valmy aux côtés du duc de Brunswick, et qui avait été lui-même initié dans une loge maçonnique à Weimar en 1780, prononce au soir de la bataille et sur les lieux mêmes une phrase devenue célèbre : «-À ce moment j’ai dit : d’ici et d’aujourd’hui débute une nouvelle époque de l’histoire du monde ‒ et vous pourrez dire que vous étiez là-». «-Diesmal sagte ich : von hier und heute, geht eine neue Epoche der Weltgeschichte aus ‒ und ihr könnt sagen ihr seid dabei gewesen-».

Le poète a toujours raison.



Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur



Publié le 1er septembre 2013





Images du bicentenaire de la Révolution à Valmy
signées Didier Bricout (L'Union de Reims) 




François Mitterrand, président de la République,
au pied du moulin de Valmy, le 16 septembre 1989. 



Spectaculaire entrée en scène des chevaux de Bartabas, à Valmy, le 16 septembre 1989. 

 

Le Comte de Paris, prétendant orléaniste au trône de France, à Valmy, le 16 septembre 1989. 




6 commentaires:

Sandrine B. a dit…

L'Histoire est toujours émaillée de petites histoires et c'est ce qui la rend si passionnante !

Patricia Moreau a dit…

Quand les petites histoires viennent au secours de l'Histoire, surgit un éclairage nouveau. Ces anecdotes, même si elles n'expliquent pas tout, sont intéressantes pour qui aime l'histoire, et les sciences politiques et militaires. Vu sous cet angle, le sujet devient plus vivant. Belle photo, aussi, pour illustrer un très bon article, dont je recommande vivement la lecture.

Un ami a dit…

La publication de cette lettre inédite est édifiante. La missive fait partie de ces « petits riens » qui, mis bout à bout, infirment ou entérinent l’histoire officielle. Relire et examiner avec un sens critique les « grands anciens », saper les bases des légendes et racontars.
Votre écrit m’a donné l’occasion de remettre le nez dans le bouquin de Boisantais, en le retrouvant sur une poussiéreuse étagère. Voilà une bonne occasion de relire cet ouvrage, près d’un demi-siècle après son achat…
Il se termine avec une phrase de Montmorillon : « Je suis bien triste mon cher. J’ai su, aujourd’hui, par un mien ami, que Kellermann rédigeait déjà un récit de la bataille où il se présente comme un brillant vainqueur. Quelle pitié de voir ainsi naître des fables qui nous tueront. » Quelle clairvoyance…

Une amie a dit…

Merci pour ce mémo concernant la"bataille" de Valmy, mon père m'avait déjà relaté sa lecture d'un bouquin sur le sujet. Voilà des compléments d'information !

JJ M. a dit…

De plus en plus intéressant, non seulement quant aux faits réels, mais quant à l'exploitation fallacieuse qui devient légende (légendes qui abritent aussi nos "chers" footballeurs, ou nos gagnants dopés du Tour de France), qui y entrent systématiquement !
"Il est rare que la vérité rattrape la légende" (Stephan Zweig).

Une autre question mériterait d'être approfondie et publiée, celle de des abandons de l'Alsace-Lorraine en 1871, votée par le Parlement nous déclarant en prime "allemands pour l'éternité", et en 1940, alors que le traité d'armistice ne prévoyait pas cette cession territoriale.
L'on ne dit pas non plus que les familles des Malgré-Nous étaient prises en otage comme mon père (mort au Camp de Flossenburg) et ma mère incarcérée durant 18 mois au camp de Ravensbruck).
Combien y a-t-il eu de Français dans la milice ou dans la LVF (sans compter la Gestapo) ?

Sylvain Post a dit…

... pour faire écho au commentaire précédent :
La Gestapo française, ou la Carlingue, est le nom donné aux auxiliaires français de la Gestapo installés au 93, rue Lauriston dans le 16e arrondissement de Paris, et actifs entre 1941 et 1944. « À Paris, lorsque l’occupant lança un avis de recrutement pour 2 000 policiers auxiliaires à son service, il aurait reçu pas moins de 6 000 candidatures » d’après Henri Longuechaud, policier à la retraite, cité par Maurice Rajsfus dans La Police de Vichy. Les forces de l'ordre françaises au service de la Gestapo. 1940/1944 (Le Cherche Midi éditeur, 1995, page 51).